Le bar, l’autre stade pendant les matchs de football au Cameroun

Article : Le bar,  l’autre stade pendant les matchs de football au Cameroun
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22 octobre 2012

Le bar, l’autre stade pendant les matchs de football au Cameroun

Bien plus qu’une simple discipline sportive, le football est devenu comme une religion au Cameroun. Ses adeptes, les hommes, les femmes et même déjà les enfants. Et le lieu de culte c’est partout: Outre le stade où se déroule la rencontre, on a les bureaux, les grands carrefours et surtout, les «bars» ; ces espaces de vente de boisson qui s’ouvrent tôt le matin et se referment parfois très tard le soir. Dans ces «bars», les clients ont très souvent tout leur temps, aussi « un peu », expression camerounaise pour dire assez d’argent, pour non seulement s’offrir autant de boisson qu’on voudrait, mais aussi, offrir « une » pour dire en langage camerounais de la bière à un ami qui passe dans le coin et qui est chaud à s’asseoir aussi pour un bon bout de temps. Une toilette est très souvent spécialement faite, par les tenanciers pour accueillir le maximum de fidèles et surtout avoir  le maximum d’espace possible car c’est un « autre stade » où tout peut se jouer, et à tout moment,  tout sauf le vrai match bien évidemment.  Les jours de grands matchs, comme celui du 14 octobre où les Lions indomptables, équipe nationale de foot du Cameroun devaient rencontrer ces « gros » Requins du Cap Vert, qui avaient finis par avaler les pauvres Lions. Ces jours de grands matchs donc, au moins 2 heures avant le début de la rencontre, les gérants des bars installent généralement un grand poste téléviseur, augmentent les infrastructures d’accueil, notamment les chaises et les tables. Eléments importants, ces tenanciers s’assurent dès la veille du match que la boisson est disponible à grande quantité parce que, quelque soit le résultat, les fidèles boiront assez. En cas de victoire, la commande est démesurée parce qu’il faut la fêter et en cas de défaite, on commande beaucoup d’alcool parce qu’il faut se consoler. L’officiant du jour, un poste téléviseur, l’homélie la boisson peu importe la marque et bien sûr les fidèles, les «vrais faux » footballeurs.

Ils sont qualifiés de vraiment faux footballeurs ou arbitres, et surtout coachs parce que c’est chacun dans sa chapelle qui  se dit « prêtre » car il connaît tout et surtout a la solution miracle. Ce sont eux qui connaissent mieux l’équipe adverse. C’est encore eux qui connaissent le meilleur classement car ce que le coach officiel a fait est amateur. De toute façon chacun a son mot à dire. Les plus intelligents vont jusqu’à revisiter la coopération bilatérale entre le pays d’origine du trio arbitral et le Cameroun pour mieux interpréter l’attitude des arbitres au cas où les choses tournent à la défaveur du Cameroun. Sans compter les paris et autres discussions et bagarres d’avant match.

Pendant le match, toutes les actions que la télé diffuse passent au peigne fin de la critique. Comme au dernier match des Lions Indomptables où il fallait à tout prix marquer 3 buts sans rien encaisser pour obtenir la qualification pour la CAN de 2013 en Afrique du Sud. Au bar de Jeannot au quartier Efoulan à Yaoundé, les fidèles avaient pratiquement occupé la chaussée sans s’en rendre compte. Et à toute les minutes, c’était « Ohhhhh Akono( coach des Lions), qui t’a dit d’aligner Idrissou » « ékié(exclamation en langue béti du Cameroun)  Webo, tu es un sorcier ou quoi ? » « mamamiaa, si on me met au stade, je vais botter Kameni, c’est un gardien de but ou une passoire ? » juste parce qu’il a encaissé le premier but avant les 20 premières minutes du match. « Mado, vient me servir du vin, quel goût demande la dernière, ce que tu veux, mon cœur risque d’arrêter de battre, Kameni m’a tué » a réagi un adepte.  Et les exemples sont loin d’être tous cités. Les plus fous du foot gardent leur optimisme jusqu’à la fin, en croyant au miracle. Et à chaque fois que le ballon était dans la surface de l’équipe adverse, tout le monde était débout, les uns invoquant le ciel et les autres croisant les doigts en signe de fétiche. Mais tout ne s’arrête pas toujours là. Les autres éléments du match qui ne manquent presque jamais, se sont les disputes qui finissent en général par des bagarres. Et les outils du combat sont les bouteilles, en renfort les chaises et l’apothéose les tables. Finalement, c’est toute personne présente sur le lieu qui est susceptible de prendre un coup. Le cas échéant, il riposte et finalement c’est une bagarre générale. Heureusement pour ceux du bar de Jeannot que l’hôpital de district d’Efoulan est à moins de 200m. Le 14 octobre dernier, après le coup de sifflet final, marquant la fin du match, juste 3 personnes ont été admises à l’hôpital d’Efoulan. Bon c’était juste un accident qui pouvait arriver à tout monde a indiqué une victime, on prochain grand match, a-t-il confirmé, il sera encore là, à la chapelle du foot, le bar.

Des supporters dans un bar
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