e-pute: Non merci pas moi
Ce sont des faits incroyables qui choquent à la limite. Pour peu que quelqu’un vive dans un pays d’Europe ou d’Amérique et que l’autre soit en Afrique, voilà que l’un se passe pour le supérieur, le financier, la pierre tant recherchée du second. Je veux parler particulièrement de la relation entre l’homme et la femme sur les réseaux sociaux en particulier. C’est vrai, nous autres personnes de sexe féminin vivons en Afrique avec toute la peinture sociale sombre qu’on fait à ce continent, mais il ya une réalité que tout le monde doit savoir et qui demeure, c’est que pour nous les femmes, la dignité n’a pas de prix.
Ce qui me pousse à rédiger ces lignes est un constat qui a négativement touché ma sensibilité. Je commencerai par mon cas d’abord. Je suis cyber journaliste et bloggeuse, donc Internet est mon outil de travail, ce qui justifie pourquoi je suis connectée en longueur de journée. Alors comme d’habitude, je reçois une invitation d’amitié sur facebook. Et le premier reflexe est de regarder les amis en commun avant d’accepter ou pas. Cette invitation de ce monsieur dont je préfère taire le nom arrive et je constate que nos amis en commun sont dans le domaine professionnel, et sans regarder son profil, j’accepte l’invitation. Et à ce moment il était connecté et directement, il m’envoie un message de remerciement, juste parce que j’ai accepté son amitié. Ensuite, il me demande si j’ai une webcam, oui je réponds. Et là, je suis curieuse de savoir à qui j’ai alors à faire et sur la photo de profil, je vois la photo d’un homme mature et je conclus rapidement qu’il est responsable. Et voilà qu’il m’invite au chat vidéo et je valide. Sans transition, le suis immédiatement choquée par son attitude.
Il me dit : « qu’est ce que t’es jolie »
Je réponds « merci » et directement après c’est
« Ça alors, t’es une vraie africaine, t’es toute ronde, bien noire, avec une forte poitrine, j’imagine ton derrière. Stp lèves toi, montre moi tes fesses. Mais non commence d’abord par tes seins… qu’est ce que j’ai envie de les toucher »
A peine je lui dis monsieur écoutez, j’ai l’air de vouloir blaguer avec vous ? Qu’il me dit encore
« Tu ne sais pas ce que tu perds, je suis blanc et je peux venir au Cameroun t’épouser, laisse toi aller »
Folle de colère, je lui dis « idiot, je suis certes Africaine, mais je suis digne » puis j’ai fermé la fenêtre du dialogue et bloquer son contact.
Rapportant ce qui s’est passé à ma collègue, elle crie en me faisant comprendre que de telles choses sont monnaie courante sur la toile. Et voici son cas vécu. Toujours sur facebook, elle reçoit une invitation d’un homme qui porte le même nom qu’elle et sans hésiter, elle accepte. Et pendant un chat ensemble, le jeune homme lui raconte qu’il est « mbenguiste » expression camerounaise pour dire qu’on vit en Europe. Alors puisqu’il a trouvé sa photo de profil « très belle », il lui faut juste une confirmation avant de se lancer dans une relation amoureuse avec elle dans le but de « changer sa vie, la mettre en haut » comme on le dit toujours au Cameroun. Et cette confirmation c’est que via la webcam, elle doit se déshabiller pour qu’il témoigne par lui-même ses rondeurs et autres belles formes de son corps. Et la réponse de Téclaire ma collègue a été « ton mbeng(ton Europe) et toi allez au diable ».
Certes chez nous cela n’a pas marché, mais il ya malheureusement des cas où ça marche. Et après une petite enquête, il en ressort que ces filles chez qui ça marche sont soit des jeunes filles qui rêvent encore, ou alors des grandes filles qui commencent à perdre espoir. Alors pour mieux collecter mes infos, on m’a conseillé de faire régulièrement des tours dans des cybers café de la ville de Yaoundé pour voir le comportement des filles. Un soir, je vais au quartier Biyem Assi, au lieu dit Tam-tam, bien sûr dans un cyber café. Premier constat dès la caisse, les prix sont différents. Le caissier me fait comprendre que la connexion c’est 300Fcfa l’heure, mais si je veux aller dans la salle qui est omme un isoloir, où je serais couverte avec un rideau et la seule dans un box, c’est 500Fcfa l’heure. La deuxième proposition tombe à pic parce que c’est l’objet de mon enquête. Et quand je prends cette seconde option, il dit « j’étais sûr, les femmes c’est leur secteur là bas, pour ces choses, elles ont de l’argent ». Je m’y rends tout de même et …. C’est encore incroyable. J’ai à peine pu ouvrir une page du web parce que je n’arrivais pas à me concentrer. La jeune fille, ma voisine immédiate de box avait complètement enlevé le haut de son vêtement pour monter ses seins à son correspondant blanc et j’ai pu écouter venant d’elle : « j’espère alors que tu viendras dans mon pays me chercher ». Dans un autre box, j’aperçois une autre fille qui faisait presque la même chose. Et les exemples, si on veut les citer tous, ça prendra du temps et de l’espace. Quel triste constat. Je ne sais pas ce que les blancs aiment certes puisque je ne le suis pas, mais mon avis c’est qu’il faut un minimum de sérieux pour être prise au sérieux aussi. En plus, tout cela ne fait pas partie de notre culture africaine. On va me parler de liberté de je na sais quoi. Mais bon, au Cameroun, la prostitution sous toutes ses formes est interdite par la loi. En tout cas, moi c’est non…merci.

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