Journée Internationale de la Femme: Mesdames, pas de soulevez soulevez cette année
Au Cameroun, la célébration de la journée internationale de la femme (JIF) du 8 mars a trouvé un synonyme, c’est « soulevez, soulevez ». Pour simplement vouloir dire soulevez le « kaba ngondo », le vêtement traditionnel du peuple Sawa –Cameroun (région du littoral) et qui a été adopté par la plupart des femmes qui ont pu s’acheter le pagne du 8 mars.
Autrement dit, le 8 mars dans mon pays se célèbre avec le pagne spécialement conçu pour cette journée et la plupart des femmes préfèrent coudre le « Kaba ngondo » qui est une robe en pagne longue et ample. Le problème avec ce vêtement c’est qu’il est tellement ample que même le vent réussit à le soulever à son passage. Ce vêtement symbolise pratiquement la journée de la femme. La preuve, pour demander comment une femme prépare la JIF au pays c’est : « tu as déjà ton kaba ? » ou encore « dit ma copine tu as déjà ton 8 mars ? »
A l’approche de cette célébration, les commentaires dans les rues vont dans tous les sens. Samedi dernier, il était pratiquement impossible de faire la sieste chez moi. Simplement parce que les voisins discutaient au sujet de cette journée. Ce sont les jeunes qui s’adressaient dans un premier temps aux femmes en disant : « Vous allez encore soulever cette année ? », « En tout cas, nous sommes habitués et s’il vous plait ne nous privez pas de ce spectacle ». Les pauvres dames n’avaient pratiquement rien à dire tout simplement parce que leurs congénères ce jour là se livrent à des dérivent de tout genre.
Les coins chauds de Yaoundé les 8 mars sont très souvent les quartiers comme Mvog Atanagana Mballa, le rond point Longkak, Essos, carrière, que dis-je, la majorité des quartiers populaires où il y a des grandes surfaces de vente de boissons. Après le défilé, qui a très souvent lieu au Boulevard du 20 Mai à Yaoundé, place est ensuite donnée aux réjouissances.
Les femmes regagnent alors les bars où elles consomment la boisson et pour la plupart alcoolisée tout l’après-midi voire toute la soirée. Et lorsque l’alcool commence à avoir ses effets négatifs, alors vient le moment du devenu célèbre « soulevez soulevez ». Comme on dit au pays « c’est la sauvagerie que tu veux voir ? Va au 8 mars ». Ces femmes montent sur les tables, cassent des bouteilles de boisson après consommation, certaines vont jusqu’en route pour interpeller les véhicules qui passent un comme le font les « fous » mais celles là crient : « C’est notre journée », « C’est le 8 mars ». Certaines disent que ce jour là ce sont elles les hommes, elles ne font pas la cuisine, en un mot, c’est leur journée.
Du coup, il y a des hommes qui sont contre cette célébration. Ils interdisent à leurs femmes de prendre part aux festivités de peur qu’elles ne soient « contaminées » par les mauvaises habitudes des autres femmes. C’est le cas de Mme Abena qui est en froid avec son époux à l’approche de chaque 8 mars. Le motif, il refuse de lui offrir le pagne et refuse même qu’elle sorte ce jour là. Confie t-elle. « Je me demande même si je suis une vraie femme ».

Pour tout dire, la journée internationale de la femme, au lieu d´être l´occasion de faire le bilan sur la situation de la femme, de prendre en considération ses revendications afin d´améliorer son sort, se résume aux défilés, aux meetings, et après « soulever le kaba» et s’enivrer d’alcool. En ce moment de veille de la fête, les propriétaires d´hôtel, d´auberge, des bars et restaurants se frottent déjà les mains. Certaines femmes seront portées disparues pendant au moins deux jours. Ce 8 mars 2013, au moment où vous allez soulever vos kaba, sachez que la société vous regarde. Alors s’il vous plait, pas de soulevez soulevez mesdames.
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