La parité dans mon pays, encore une vue de l’esprit
La récente nomination des préfets au Cameroun a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Et pour cause, une femme, Antoinette Justice Zongo, a été nommée Préfet du département du Koung-khi, c’est dans la partie Ouest du pays. Une autre femme, Rachel Ngazang Akono a été nommée à son tour comme secrétaire général des services du gouverneur de la région de l’Est. Et pour résumer en une phrase tous ces commentaires qui sont allés dans tous les sens, sans oublier les articles et autres grands reportages qui ont alimenté les colonnes des journaux « c’est de l’inédit, du jamais vu dans l’histoire du Renouveau et du commandement au Cameroun ». Des femmes à ce niveau, c’est déjà ça, ont-ils continué. Pourtant pour moi, c’est encore très loin d’être ça au 21e siècle.
Voici ce sur quoi je me base pour l’affirmer. Selon un rapport publié en mars de cette année en cours par le ministère de la Promotion de la femme et de la famille(MINPROFF) intitulé « Femmes et hommes au Cameroun en 2012» (https://www.statistics-cameroon.org/downloads/JIF/MINPROFF_Femmes_Hommes_Cameroun_28_02_2012.pdf) le Cameroun ne compte pas encore de femme gouverneur de région. Et même jusqu’à tout récemment, il n’y avait que 04 sous-préfets femmes sur près de 360 sous-préfets que compte le pays. En plus, dans le gouvernement, le sexe féminin est à peine perceptible, que dis-je, à peine visible. Voici, il est établit dans un rapport qu’au Cameroun, il y a 05 ministres de sexe féminin avec porte feuille sur 31 et sur 10 secrétaires d’Etat, il ya 02 femmes seulement. Si je me réfère à un rapport de l’Institut national de la statistique (INS), sur 180 députés à l’Assemblée Nationale, il n’ya que 25 femmes. En plus, pas besoin d’une étude approfondie pour savoir que dans l’histoire de mon pays, aucune femme n’a jamais occupé le poste de Premier Ministre, de vice premier ministre, de présidente de l’Assemblée nationale et bien d’autres. Pourtant, en France dans l’actuel gouvernement il ya autant de femmes que d’hommes dans le gouvernement. Ah, me diront mes compatriotes, c’est l’occident, c’est « mbeng » comme on l’appelle ici au Cameroun. Pour la réponse du berger à la bergère, je cite certains de nos voisins. Au Bénin, près de 30% de portefeuilles ministérielles (dont le ministère de la Justice) sont occupés par des femmes selon une source. Au Rwanda continu ma source, 45 femmes siègent au parlement qui compte 88 sièges depuis les législatives de 2008. En France encore, des femmes telles que Michel Alliot Marie et Christine Lagarde ont occupé des fonctions ministérielles de souveraineté telles que le ministère de la Défense ou celui de l’Economie.
Cette triste réalité se transpose dans la vie quotidienne au pays. En général dans les milieux professionnels, les femmes sont très souvent adjointes. Ici chez nous, les hommes ont toujours une exclamation dans leur bouche : « Une femme me commande ? Jamais de la vie !!! » Plus grave encore, même dans les familles, les garçons ont tendance à être favorisés. D’ailleurs, dans certaines tribus, les femmes n’ont pas droit à l’héritage des parents. Certains hommes, qui n’ont pas pu avoir un enfant de sexe masculin avec leur épouse, sont prêts à tout et offrent même, des récompenses à la femme qui leur donnera un enfant garçon. Je me souviens d’une dame qui a grandi étant frustré juste parce que son papa avait l’habitude de dire : « J’ai 4 enfants et une fille ». Pour lui, la fille n’est pas un enfant sur qui on peut compter, c’est juste un être humain de sexe féminin. Finalement je me pose des questions dans ma petite tête. La parité au Cameroun, est-ce un slogan, une réalité ou une vue de l’esprit ? A chacun sa réponse

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